« Le Gouvernement a exercé son droit de préemption parce qu’il veut maîtriser la suite des événements »
- Mathieu Nathanael NJOG
- 16 juil.
- 5 min de lecture
LOUIS PAUL MOTAZE
Le Ministre des Finances a répondu aux préoccupations des journalistes présents à la cérémonie de la signature de la convention de cession à l’État du Cameroun des actions détenues par le Groupe Société Générale dans sa filiale Société Générale Cameroun. Voici l’essentiel de cet échange.

Monsieur le Ministre des Finances, comment comprendre cette convention qui vient d’être signée entre l’Etat du Cameroun et le Groupe Société Générale Afrique ?
D'abord, ce n'est pas la première fois que ce genre de transaction se déroule dans la cession des actions d’une société dans laquelle l’Etat détient des actions. Nous avons un partenariat qui nous conduit dans cette belle aventure avec la Société Générale du Cameroun. Pour des raisons stratégiques de ses dirigeants, notre partenaire a décidé de se retirer. Alors, deux options sont possibles. La première, c'est qu'on laisse la Société Générale vendre ses actions à qui elle veut. C'est son droit le plus absolu, puisque ce sont ses actions. C'est bien ce que l'AS avait fait quand elle partait du Cameroun, pour vendre les actions à Actis. Et je crois d'ailleurs savoir que la Société Générale avait fait les diligences dans ce sens pour trouver un repreneur et un prix. La deuxième option, c'était que le gouvernement exerce son droit de préemption. C'est-à-dire que, comme le disent les statuts, si un des actionnaires veut se retirer, il revient d'abord aux autres actionnaires présents de marquer leur désir ou non d'acheter les actions. C'est bien ce que le gouvernement a fait.
[« C'est que le Chef de l'État prendra les décisions, mais je peux présumer, comme il le fait toujours, que ce sera des décisions qui vont dans le sens de rendre la société générale toujours plus forte et rendre l'économie du pays encore plus forte toujours plus performante ».]
Pourquoi le Gouvernement Camerounais a usé de son droit de préemption pour bloquer la vente de la filiale camerounaise de la Société Générale qui avait déjà trouvé un repreneur ?
Le gouvernement le fait généralement parce qu'il veut contrôler la suite des événements. A cet effet, le Chef de l'État nous a permis d'exercer le droit de préemption. Nous l'avons fait, la Société Générale l'a accepté et nous avons conduit le processus qui aboutit à la signature de la convention de ce jour. Bien, comme je l'ai dit, nous avions déjà un très, très bon rapport avec la Société Générale, qui a assisté et qui continue d'ailleurs à assister l’Etat du Cameroun dans beaucoup d'opérations, notamment de lever des fonds pour la réalisation de nos projets de développement. C'est la preuve que c’est une banque qui est très importante et le dernier classement d'ailleurs des banques montre que la Société Générale est à la deuxième sur le plan national. Cela voudrait dire que c'est une banque extrêmement importante. Bon, alors quand vous avez un acteur aussi important dans votre écosystème financier, vous voulez savoir ce qui se passe parce que vous pouvez vous retrouver avec un nouvel repreneur qui reprend la majorité des actions, et vienne mener une politique particulière qui peut ne pas être forcément en adéquation avec celle voulue par le gouvernement. C'est pour cela que le Gouvernement, voulant maîtriser la suite des événements, comme je l'ai dit, a estimé qu'il devrait exercer son droit de préemption.

Est-ce que cette transaction ne va pas avoir des conséquences dans l’écosystème bancaire ?
Encore une fois, l'objectif du gouvernement, c'est qu'on continue d'avoir une banque forte, bien gérée, comme elle est actuellement, et aussi qui finance nos projets de développement, notamment en allant vers les options fortes qui sont celles du Chef de l'État, à savoir : financer non seulement les grosses entreprises, mais également financer les petites et moyennes entreprises. Comme je vous l'ai dit, la Société Générale est une institution très forte, et nous avons vu tout ce qu’elle a fait ici à Cameroun, et nous aimerions que cette banque continue. C'est ce que je peux vous dire. Il y a une période de transition où nous allons discuter avec les gestionnaires de la banque pour voir comment nous pouvons suivre ce qu'elles ont fait. Parce que, comme je vous l'ai dit, c'est une banque très intéressante, la deuxième sur le plan nation, et c'est très important. Quand vous avez un acteur important comme celui-ci, vous aimeriez qu'il continue ce qu'il a fait. Vous savez, moi, personnellement, je me méfie souvent des termes un peu généraux, tel que : souveraineté économique. Je ne sais pas ce que ça veut dire. Je crois que la souveraineté économique est surtout consacrée lorsque vous avez une économie forte. Une économie forte, ça veut dire avec un acteur important qui est l'État, qui est le régulateur, mais également avec des partenaires qui peuvent être privés. Et je n'ai jamais pensé que lorsque vous avez des acteurs privés, c'est qu'il n'y a pas de souveraineté économique, comme si la souveraineté ne peut être que celle consacrée par la présence de l'État.
[« Bon, alors quand vous avez un acteur aussi important dans votre écosystème financier, vous voulez savoir ce qui se passe parce que vous pouvez vous retrouver avec un nouvel repreneur qui reprend la majorité des actions, et vienne mener une politique particulière qui peut ne pas être forcément en adéquation avec celle voulue par le gouvernement. »]
Le Gouvernement va-t-il nationaliser ou remettre la gestion entre les mains d’une autre expertise même étrangère ?
Vous connaissez, la philosophie politique du Président de la République, c'est que la croissance sera tirée par le secteur privé. Et l'État est justement là pour créer les conditions de l'émergence d'une société privée forte et dynamique. Nous nous réservons le droit, au niveau du Gouvernement, après les instructions du Chef de l'État, de dire quelle suite sera donnée maintenant aux actions qui ont été achetées aujourd'hui, comme vous le voyez par l'État. Ça veut dire que tout est sur la table et puis rien n'est exclu. Et sachez que les décisions qui seront prises, parce que le Chef de l'État prend toujours des décisions tout à fait inspirées, seront celles qui, d'après lui, permettront à cette banque permettront à cette banque de rester donc, ce que je veux dire, c'est que le Chef de l'État prendra les décisions, mais je peux présumer, comme il le fait toujours, que ce sera des décisions qui vont dans le sens de rendre la société générale toujours plus forte et rendre l'économie du pays encore plus forte toujours plus performante. Donc, ce que je veux dire, c'est que le Chef de l'État prendra les décisions, mais je peux présumer, comme il le fait toujours, que ce sera des décisions qui vont dans le sens de rendre la Société Générale toujours plus forte et rendre l'économie du pays encore plus forte.
L’autre crainte, c’est de savoir si le Cameroun a la capacité de maintenir les standards internationaux actuels de la Société Générale
Je voudrais continuer de dire que la Société Générale est une banque extrêmement forte. C'est une banque extrêmement bien dirigée, avec des règles qui sont appliquées. Et nous le voyons lorsque nous faisons les contrôles, lorsque les contrôles viennent du régulateur bancaire, qui est la COBAC. La Société Générale a très peu de problèmes. Nous souhaiterions que ça continue ainsi. Moi, je n'aimerais pas qu'on dise : « souveraineté économique », parce que maintenant, c'est une banque qui est moins bien gérée qu'avant. La souveraineté sera plus fréquente lorsque la société est bien gérée ou si elle n'est pas bien gérée.
Propos recueillis par
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
www.lecanardlibere237.com
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