MAKEPE MISSOKE
Les habitants de Bépanda Petit Wouri expriment leur ras-le-bol après les affres des inondations des premières pluies. Ils ont décidé le 1er juin 2023 de se rendre à la Mairie de la Ville pour faire entendre leurs voix.
Le mouvement citoyen « On est Ensemble » fait une nouvelle sortie. Dans l’encadrement des habitants des quartiers de la cité capitale qui réclament une amélioration de leur cadre de vie, une manifestation pacifique a été organisée ce 1er juin 2023. Hommes, femmes et enfants du quartier Maképé Missoké sont sortis en masse avec des pancartes pour marcher jusqu’à la Mairie de la ville de Douala. Ils entendaient ainsi marquer leurs mécontentements du fait que les averses de cette petite saison de pluies entraînent régulièrement des inondations aux conséquences dommageables. Notamment, des biens matériels et autres objets précieux abimés. Certains ont été obligés de fuir leur domicile. Les derniers orages d’il y a 48 heures étaient la goutte d’eau de trop. Faisant planer la peur sur les ravages que pourraient causer les averses de la grande saison de pluie des mois de juillet-août- septembre. Ils indiquent que la cause est la défaillance du curage du drain quittant du pont marché Makepe 1 Missoke jusqu’à l’embouchure Wouri…. Arguant que les grands travaux de drainage devaient permettre d'apporter une solution durable aux risques d'inondations de certains quartiers exposés de Douala. A cet effet, ils déplorent la suspension du chantier au pont du marché de Makepe 1 Missoke qui n'a fait qu'aggraver la situation ces dernières années, notamment sur le secteur en aval du Pont Vérité, qui sépare les quartiers Yonyong et Tsf-Cacao Barry d’un côté et Bépanda Petit wouri de l’autre.
Le porte-parole du Mouvement « On Est Ensemble » Njikam Mama justifie cette manifestation pacifique : « Cette mobilisation non violente vise à attirer l'attention du Maire de la ville de Douala sur les effets dévastateurs des inondations, qui ont entraîné des pertes économiques, menacé leur santé et leur sécurité ». Avant de passer à la phase offensive, les leaders de l'association « On Est Ensemble », disent avoir sous leur houlette permis aux habitants de Bépanda Petit wouri d’interpellé le Maire de la ville de Douala le 06 octobre 2022, avec une pétition de 300 signatures accompagnée d’une correspondance demandant de trouver une solution urgente à ce problème d’inondations. Il va s’en suivre des descentes sur les différents sites inondés. La première descente, a eu lieu le 28 octobre 2022, la seconde le 14 mars 2023. Elles ont permis d’évaluer le problème. La prochaine étape devait consister à effectuer une levée topographique à l’aide des drones pour avoir une vue aérienne des sites inondés et trouver la meilleure solution pour éradiquer le phénomène. Mais quel n’est pas leur étonnement de constater que le Maire de la ville de Douala, Roger Mbassa Ndinè n’est toujours donné suite à leurs démarches. Pendant ce temps, avec la menace de la grande saison de pluies, les habitants ainsi mobilisés disent attendre des solutions en urgence. Ils espèrent obtenir des solutions rapides et efficaces. Car cette situation fait peser une menace sociale réelle. «Chaque année, je dois faire les travaux pour surmonter ma maison, pour éviter de me noyer pendant la saison de pluie. Les années précédentes, j'ai presque tous mes objets précieux dans les eaux de pluies. Ma grand-mère a failli perdre la vie dans ses inondations si ce n'était un voisin qui avait plongé pour la secourir alors que j’étais en déplacement», témoigne Maman Marie, habitante au bloc 21 à Bépanda Petit wouri.
Il faut dire que ces risques d’inondations avec les conséquences qui vont avec, ont été entretenus par une tolérance administrative des autorités qui ont laissé devant une forte poussée démographique les populations s’installer dans les zones inhabitables et inconstructibles telles que les marécages et les ravins. Du fait de ce laxisme, les autorités sont aujourd’hui mises au banc des accusés et considérées comme étant les responsables des catastrophes qui planent comme une épée de Damoclès. A la Communauté Urbaine de Douala, le chantier est vaste, il ne concerne pas seulement les habitants de la zone de Bépanda et Maképé-Missoké. Entre 2016 et 2020, avec l’accompagnement financier de 109,26 milliards FCFA de l’Agence France de Développement (AFD), la CUD avait construit 47 km linéaire de drain. Un investissement qui a considérablement amélioré les conditions de vie des habitants de certains quartiers riverains desdits drains. Mais les besoins restent énormes, car la ville de Douala a un besoin de 200 Km à construire. La Mairie a levé auprès de la Banque mondiale un financement d’un montant de 42,338 milliards FCFA pour la réalisation du Projet de Développement des Villes Inclusives et Résilientes (PDVIR). Il est destiné à un ensemble d’investissements en cours dans les Communes d’Arrondissement de Douala 3è et Douala 5è, comprenant : la construction de 22 Km voies bitumées, de 7,3 Km drains, et des 7,96 Km de voies tertiaires en pavés. « C’est dire que les populations affectées doivent savoir que la CUD et les Communes d’Arrondissement ne ménagent aucun effort pour améliorer leur cadre de vie. A défaut de construire les drains, ils font effectuer à titre d’entretien préventif le curage des drains pour réduire au maximum les catastrophes », confie un cadre de la DESCV. Et d’ajouter : « Bien d’autres actions sont menées sur le plan de la gestion météorologique pour éviter les catastrophe ».
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
www.lecanardlibere237.com
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