DOUALA
Depuis la nuit de samedi 22 à dimanche 23 juillet 2023, la capitale économique a enregistré trois effondrements d’immeubles à étages, vétustes et construits sur des terrains non appropriés. Si deux n’ont conduit qu’aux dégâts matériels importants, il y a celui de derrière Mobil Guinness qui a un bilan provisoire lourd de plus de 60 victimes dont 40 morts, 21 accidentés et plusieurs disparus.
La période dite de la grande saison pluvieuse qui s’étend du mois de juillet à septembre 2023 était annoncée comme pouvant présenter de graves menaces météorologiques à l’instar des inondations, des érosions, des éboulements, la destruction des maisons, et même des pertes en vie humaine au regard de la violence des orages. L’alerte a été donnée avec les pluies de la nuit de jeudi 20 au vendredi 21 juillet 2023 qui ont causé des inondations dans toutes les zones marécageuses à risque aussi bien de Bépanda-Missoké, Bonabéri-Mabanda, non sans causées des dégâts matériels et humains. Avec sur le carreau un enfant emporté par les eaux à Bépanda-Missoké. A peine les populations de la ville de Douala péroraient sur cette situation qui va aller en s’empirant, aux alentours de minuit et trente minutes, c’est un bruit assourdissant qui va donner l’alerte de l’écroulement comme un château de cartes d’un immeuble R+4 servant de logement sis derrière Mobile Guinness Ndogbong et qui va dans sa chute détruire partiellement un immeuble R+1 où il a fait deux (02) morts. Après une première nuit de fouille menée par les riverains et d’autres secouristes volontaires, appuyés par les éléments du 20è Groupement des sapeurs-pompiers de Douala, une quarantaine de victimes seront sortis des gravats. Soit une quinzaine de morts et autant de une vingtaine de survivants qui ont été conduits en urgence dans les formations hospitalières appropriées.
La protection civile
L’entrée en scène dans la matinée de dimanche de la Direction de la Protection Civile placée sous l’autorité du gouverneur de la région du Littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua qui est personnellement descendu sur le site a conduit à la mobilisation des toutes les unités d’interventions : Génie militaire, Délégation Régionale de la Santé Publique du Littoral, Le Bataillon d’Intervention Rapide (BIR), la Police, la Communauté Urbaine de Douala, l’Hôpital Laquintinie de Douala, L’hôpital de la 2è Région militaire de Douala, l’Hôpital de District de Déido,…. Ce qui a permis de déployer une pelleteuse et des camions pour accélérer les fouilles et l’enlèvement de cet important tas de gravats. «L’immeuble était un R+4 avec dans chacun des 5 compartiments, 8 espaces d’habitations locatives dans un schéma quasi-identique, composés de studios et chambres. Seulement au 2è étage, la famille du bailleur avait occupé un espace plus grand au point de ne donner droit qu’à trois chambres de location », confie R. Néba, locataire d’un studio dans cet immeuble depuis dix ans et qui y a perdu sa fiancé. Quatre jours plus tard, les alentours du site du drame sont toujours pris d’assaut par des familles qui sont dans l’expectative et l’anxiété en attendant de savoir le sort de leurs membres de famille qui habitaient dans cette immeuble R+4 de près de 36 espaces d’habitations.
Après 4 jours, les recherches se poursuivent
Le dernier décompte fait au moment où nous allions sous presse, les chiffres faisaient état de 42 morts soit 39 déjà sortis des décombres et déposés dans les morgues des Hôpitaux Laquintinie de Douala, l’Hopital de la 2è Région Militaire, l’Hôpital de District de Déido et 25 blessés qui sont en soins intensifs dans lesdits hôpitaux, parmi lesquels déjà 03 décès enregistrés. Pendant ce temps les recherches se poursuivent. Alors que les équipes d’interventions désespèrent de trouver des corps et des survivants, les familles parties des villes lointaines (Yaoundé, Ebolowa, Bafoussam, Kumba,…) mettent la pression autour du site dans l’attente que leurs membres de famille soient retrouvés vivants ou morts. «Depuis dimanche que je suis arrivée ici, je n’ai toujours pas de nouvelles sur ma cousine de 30 ans et son fils de 10 ans qui sont venus d’Ebolowa et se sont installés dans cet immeuble le 8 juillet, soit deux semaines avant le drame. J’ai fait les tours des trois hôpitaux réquisitionnés où j’ai parcouru les manifestes de décédés et des rescapés en vain», déclare Marthe. Et olivier d’ajouter : «Nous avions des amis dans cet immeuble. Les dépouilles de certains ont été retrouvées et d’autres sont encore introuvables ». Pour les chiffres des occupants de l’immeuble et des potentielles victimes, aucune précision ne peut être faite. «Difficile de dire combien de victimes sont recherchées, puisque l’immeuble était occupé par des familles et certains avaient accueillis des vacanciers et des visiteurs, surtout qu’on indique qu’au niveau de rez-de-chaussée il y avait une fête des étudiants qui venaient de soutenir et à l’étage un voir-bébé. Mais aussi, il y avait plusieurs habitants qui étaient hors de l’immeuble ou avaient voyagé».
La réaction de Paul Biya
Comme une loi de série, dans la journée du dimanche, deux autres effondrements d’immeubles R+1 ont été enregistrés à Bépanda 54 escaliers et à derrière le Campus 1 de l’Université de Douala, au lieu-dit IPA. Heureusement, ils n’ont causé aucune perte en vie humaine. Les signes avant-coureurs ont obligé les occupants de quitter lesdits immeubles avant que le pire ne se produise. Car en plus du fait qu’ils étaient construits avec des matériaux de très mauvaise qualité, ils étaient bâtis sur des sites inconstructibles propices aux éboulements qui ont facilité leur effondrement. Face à ce qui s’avère une catastrophe humaine, la Ministre de l'Habitat et du Développement Urbain (MINHDU), Célestine Ketcha epse Courtès, est jusqu’ici le seul membre du gouvernement a effectué le 24 juillet une descente sur les lieux du drame. Elle l’a conclu par la prise d’une série de mesures d’anticipation pour éviter qu’en cette période où la météorologie prévoit des fortes adverses qu’on enregistre pas d’autres drames. A savoir : - La pose des scellés sur les constructions irrégulières ; - L'interdiction de dérogation sur les zones non constructibles ; - La dénonciation des constructions présentant des risques ; - Le déguerpissement des populations vivant dans les constructions et zones à risque ; - Maximiser la sensibilisation pour permettre l'appropriation des normes de construction par les populations et promoteurs immobiliers. Le Président de la République, Paul Biya de retour de son séjour privé en Europe a adressé un message de condoléances aux familles. Tout en instruisant le Gouverneur Samuel Dieudonné Ivaha Diboua «la diligence dans l’encadrement des familles, l’assistance des blessés, la prises en charge et l’ouverture de l’enquête ». Et en plus : «Des mesures préventives et des garanties de sécurité plus contraignantes,… la vigilance des personnes en charges des questions foncières et de construction »
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
www.lecanardlibere237.com
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