UN BILAN POSITIF POUR LES OFFICIELS ET PAS SATISFAISANT POUR L’OPINION PUBLIQUE

PREF - CEMAC

Les assises de la 15è session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat de la CEMAC et les assises préalables qui l’ont précédées à savoir la 39è session ordinaire du conseil des ministres de l’Union Economique de l’Afrique Centrale et la 14è édition Journée de la CEMAC ont été une belle occasion de faire le bilan de l’agenda de l’émergence 2010-2025 du Programme des Réformes Economiques et Financières.

Afin de relever les défis de l’intégration, les pays de la Communauté ont adopté la vision 2025 qui est de « faire de la CEMAC un espace économique intégré émergent où règnent la sécurité, la solidarité et la bonne gouvernance, au service du développement humain ». En 2010, les Chefs d’Etat des pays membres vont élaborer et adopté, un Programme Économique Régional (PER), dont l’objectif est de valoriser les principales ressources de la sous-région et de bâtir une économie compétitive, diversifiée et à forte valeur ajoutée, pour concrétiser cette vision. Globalement, le PER sera le principal cadre d’action et de mise en cohérence des programmes sectoriels communautaires et des priorités nationales. Il régit le développement économique de la zone CEMAC dans son ensemble et présente un agenda d’émergence (2010 – 2025) en trois phases quinquennales pour la réalisation de la vision 2025 de la CEMAC qui se décline en 5 axes, 12 objectifs stratégiques, 29 programmes et 86 projets. A 30 mois du terme de sa réalisation, dans la perspective de conduire à la création d’un espace économique émergent au niveau de la CEMAC à l’horizon 2025, toutes les interventions du Président de la République du Cameroun, Paul Biya, aussi bien le 16 mars 2023, à l’ouverture de la 14e édition de la Journée de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) que le 17 mars 2023 lors de la cérémonie d’ouverture de la 15è session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat de la CEMAC dont il était encore Président en exercice, a reconnu respectivement que ces assises offrent « aux Etats membres de la CEMAC l'occasion de marquer un temps d'arrêt et de dresser un bilan, afin d'envisager les perspectives de leurs actions communes en faveur d’un développement économique et social inclusif ». Surtout qu’au regard de «la pertinence des réformes structurelles que nous avons entreprises dans le cadre du Programme des Réformes Economiques et Financières de la CEMAC (PREF-CEMAC),… Cette rencontre nous offre l’occasion d’examiner entre autres l’état de mise en œuvre de ce Programme qui, je le rappelle, est, selon les experts, la voie à suivre pour consolider la vitalité économique de notre sous-région ».

Discours politiques

Pour les officiels, le bilan est largement positif même si un écho n’est mis sur ses résultats probants. Placé sous la conduite du Président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso, le PREF-CEMAC, le Président de la Commission CEMAC, Pr Daniel Ona Ondo va préciser que face aux différents chocs endogènes et exogènes qui ont frappé de plein fouet les économies des pays de la sous-région Afrique Centrale, marqués par la crise pétrolière, les crise sécuritaires, la crise sanitaire avec la pandémie au Covid-19, la crise Russo-Ukrainienne, avec ses répercussions sociales et économiques négatives, « c'est grâce au programme des réformes économiques et financières mis en place par les Chefs d'Etat dans le cadre du PREF-CEMAC, que notre sous-région a pu faire preuve de résilience ». Ce d’autant plus qu’à la présidence de la Commission on soutient que la synergie d'actions des Etats membres et des institutions communautaires a contribué à la reprise économique avec une croissance redevenue positive en 2021 après la récession de 2020, et une bonne tenue des recettes pétrolières en dépit de la contre-performance de l'activité pétrolière dans tous les pays membres producteurs. «Aujourd'hui, les perspectives macroéconomiques de la CEMAC pour 2022 et 2023 sont globalement favorables, caractérisées par une résorption des déséquilibres macroéconomiques », souligne Pr Daniel Ona Ondo, Président sortant de la Commission CEMAC. Par ailleurs, il met cela sur la politique monétaire conduite avec succès par la Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC), un système bancaire stable et résilient garanti par la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC), une action de coordination de la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme en Afrique Centrale entreprise par le Groupe d'Action contre le Blanchiment d'Argent en Afrique Centrale (GA BAC).

Pas encore sortir du fossé

Toutefois, le Président sortant de la Conférence des Chefs d’Etat de la CEMAC, Paul Biya va en guise de conclusion va reconnaître que : «…nous avons pu mesurer les avancées enregistrées et les efforts qui restent encore à faire». Preuve s’il en était besoin que cela conforte l’immense majorité de l’opinion publique sur leurs attentes inassouvies des espoirs qui étaient portés sur le PERF-CEMAC. Puisqu’il n’a pas pu permettre aux Etats membres de relever les défis qui étaient les siens. A savoir que la CEMAC continue de détenir : - Le plus faible réseau d’infrastructures, notamment de transport et d’énergie, avec un impact négatif sur les conditions sociales et de bien-être des populations (entraînant un taux élevé de pauvreté et des fléaux sanitaires conséquents) ; - Le secteur privé de la CEMAC est peu développé et son environnement des affaires peu attractif. Que la CEMAC n’arrive pas à porter son taux de croissance moyen 05% pourtant l’objectif fixé était de la porter à plus de 10% ; à renforcer la compétitivité de son économie dans le cadre d’un marché ouvert et concurrentiel et d’un environnement des affaires plus favorables à l’investissement : à participer à l’atteinte des objectifs internationaux de développement durables à l’horizon 2015 ; à maintenir allumée la flamme de la solidarité et de l'intégration régionale ; à parvenir à la fusion avec la CEEAC ; à conduire une politique monétaire vers la sortie du franc CFA. Cela dit, Paul Biya se veut optimiste quant à l’avenir : « Nous avons évolué en ce qui concerne les mesures à prendre pour assurer la poursuite du Programme des Réformes Economiques et Financières de la CEMAC, la consolidation de notre union monétaire, le renforcement de nos politiques structurelles, et l’amélioration du fonctionnement de nos institutions communautaires ». Et d’ajouter : « Il y a lieu d’être persuadé que notre Communauté est capable de jouer son rôle dans la rationalisation de l'exploitation commune de nos immenses ressources ». Avant de conclure : « Des étapes significatives ont été franchies, car la construction communautaire est un processus long. Je reste optimiste quant à sa mise en place progressive ».

Mathieu Nathanaël NJOG

Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun

www.lecanardlibere237.com

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