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Les personnes handicapées exigent d’ELECAM une meilleure prise en compte

PROCESSUS ELECTORAL


Un atelier de consultation entre des personnes handicapées avec les responsables d’Elections Cameroon s’est tenu le 20 décembre 2024 à Douala dans le cadre du projet : Renforcement de la participation de la société civile au système démocratique et au processus électoral au Cameroun. Mise en œuvre par un consortium de deux organisations dont La Fondation Friedrich Ebert comme tête de file et Un Monde Avenir, le Co-demandeur, cela a permis d’enregistrer les préoccupations des personnes vivant avec un handicap.

Plus d’une vingtaine de leaders des associations de personnes vivant avec un handicap (PVH) venant des régions du : Littoral, Nord-Ouest, Ouest et Sud-Ouest ;  les organisations de défense des droits humains (OSC), les représentants de la Délégation régionale du Ministère des Affaires sociales (MINAS) et les responsables de l’antenne régionale d’ELECAM du Littoral étaient réunis le 20 décembre 2024 à Douala dans le cadre du premier d’une série de trois  ateliers de consultation que va organiser au Cameroun l’Ong Un Monde Avenir dans le cadre du projet : Renforcement de la participation de la société civile au système démocratique et au processus électoral au Cameroun qu’il met en œuvre de concert avec la Fondation Friedrich Ebert (FFE). Cette consultation entre dans l’un des trois grands axes de ce projet à savoir : le soutien aux groupes spécifiques. Au cours de ces échanges, qui visaient à favoriser la participation électorale des PVH, le responsable des affaires juridiques a parcouru quelques aspects du code électoral pour édifier les personnes vivant avec le handicap sur ces aspects clés et éclairé leurs lanternes sur certaines incompréhensions.

L'audit des formes d'Elecam

Toutefois, les leaders d’organisations des PVH, participants, en ont profité de cette occasion pour en faire un moment de plaidoyer, qui leur a permis de revisiter les problèmes majeurs qu’ils rencontrent en vue de leur participation électorale entant qu’électeur, afin d’y apporter des solutions structurelles et opérationnelles adéquates. Surtout que tout part d’un constat que va présenter David Moukoudi de l’Ong Un Monde Avenir qui indique que : Au Cameroun, le nombre de personnes handicapées avoisinerait les 3 000 000 d’individus, soit environ 11% de la population globale. D’après les estimations de 2019, publié par l’Institut National de la Statistique (INS), la population de 20 ans et plus (donc en âge de voter) représente environ 47% de la population générale. Par déduction, la frange de personnes handicapées en âge de voter au Cameroun est estimée au tour de 892 866 personnes. Or, en ce moment, moins de 43 000 personnes vivant avec un handicap sont enregistrées sur les listes électorales comme il ressort des derniers chiffres publiés en septembre 2024 par ELECAM 2024, soit moins de 03% des PVH en âge de voter.

C’est dire que cet atelier au-delà de son aspect sensibilisateur et mobilisateur pour les PVH dans la perspective de l’élection présidentielle 2025, afin de leur rappeler la nécessité de s'inscrire et participer au vote, il a été comme une sorte d’audit de ce qui est a été fait par Elecam par rapport à tout ce qu'ils ont engagé jusqu'à maintenant pour faciliter la participation des personnes handicapées au processus électoral. A l’instar de reconnaitre les efforts effectués par Elecam lors des élections précédentes, avec l’impression des bulletins brailles. En revanche, les PVH se rendent compte que pour les personnes déficientes visuelles, ces bulletins sont trop grands pour entrer dans des enveloppes classiques. C’est ainsi qu’elles ont fait des suggestions afin que soit utiliser les mêmes bulletins, mais y faire inscrire des données braille ce qui serait plus pratique. Par ailleurs, elles ont aussi interpellé la communauté nationale qu’il y a une catégorie des personnes handicapées qui est assez représentative en termes de nombre, aussi bien sur le plan démographique qui peut même être considéré comme une catégorie un peu vierge sur le plan politique et notamment sur le plan électoral. Par conséquence, devrait être prise en considération par les différents candidats dans leurs projets de société et dans la constitution des listes de candidature lors des élections de proximité.



Le plaidoyer des personnes vivant avec un handicap 

La faute aux politiques qui ne mettent pas beaucoup d’accent sur l’accès à l’information des personnes vivant avec un handicap. « Les personnes handicapées de manière spécifique sont souvent pénalisées par l'inaccessibilité à l'information électorale, c'est le cas des déficients auditifs. C’est-à-dire, que les personnes que vous appelez sourds-muets, qui représentent à elles seules au moins 36% de personnes de la démographie de personnes handicapées en général », Joseph Kouagam, handicapé et expert sur les questions des PHV liées avec le processus électoral. Ce d’autant plus que les chaines de télévision camerounaise pour la plupart n’ont pris aucune disposition pour mettre en place une fenêtre d’informations en langue des signes au moins dans leur édition quotidienne du Journal télévisé ainsi que dans la documentaires audio-visuels et  d’insérer, de manière systématique, des sous-titres pour des personnes sourdes et malentendantes dans tous les programmes télévisés comme l’a réitéré aux patrons des chaînes de télévisions publiques et privées la Commission des Droits Humains du Cameroun (CDHC) lors de la Journée Internationale des Langues des Signes (JILS) qui se célèbre tous les 23 septembre 2024.

L’expert Joseph Kouagam, handicapé et modérateur de l’atelier de conclure : « C’est un nombre très important qui est complètement oublié et qui n'a pas accès à l'information électorale parce que les télévisions ne traduisent pas en langage de signes les contenus télévisuels, même notamment pour aider les politiques et candidats aux élections électorales. Par conséquent, ces PVH ne savent même pas qu'est-ce qui se passe dans le processus électoral, ne savent pas quand elles auront lieux, qui est candidat, et quels sont les projets de société Et par conséquence ne peuvent pas savoir la nécessité de partir s'inscrire. Il y a donc un nombre impressionnant des citoyens du fait de leur handicap qui est régulièrement mis de côté ». Or les personnes vivant avec un handicap, certes ont une faible participation aux élections, mais ils participent et les chiffres font observer une augmentation progressive mais très sensible de leur nombre lors des dernières opérations d’enrôlement sur la liste électorale. Autrement, il est donné de constater que s’il ne leur est pas facile d’être électeur, il ne leur est non plus aisé d’être élu ou nommés à des postes de responsabilité : seules 14 des 626 conseillers municipaux sont des PVH, aucun dans les 100 Sénateurs, les 180 Députés, les 62 membres du Gouvernement, les 10 Gouverneurs de Régions, les 58 préfets et les 361 Sous-préfets n’est une PVH ont-ils fait remarquer.





Mathieu Nathanaël NJOG



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Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun


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