DRAGUE CHANTAL BIYA
La cérémonie d’accueil de la Drague multifonctionnelle, Chantal Biya à la suite de son appareillage au Quai 14 à la faveur de son retour flamboyant au Port de Douala-Bonabéri, après sa réssurection dans les ateliers du Chantier Naval de ShipSidedrydock à Port Harcourt au Nigeria, a eu lieu en présence du Directeur Général Adjoint du Port Autonome de Douala, Charles Michaux Moukoko Njoh, représentant le DG empêché.
La Drague multifonctionnelle Chantal Biya est revenue plus rutilante sur les eaux du Wouri le 16 août 2024 où elle a appareillé au Quai 14 du port de Douala-Bonabéri. Elle revenait des ateliers du Chantier Naval de ShipSidedrydock à Port Harcourt au Nigeria où elle était partie pour une remise à neuf le 29 novembre 2022. Une décision courageuse et patriote prise par le Directeur Général du Port Autonome de Douala (PAD), Cyrus Ngo’o après plus de quatorze années d’hibernation pendant lesquelles, elle est restée immobilisée à cause d’un état de décrépitude pitoyable. Pour s’assurer que les travaux de réhabilitation se déroulaient dans le respect des normes visant à conserver cette infrastructure dans son armature, sa structure et sa superstructure initiale, le DG du PAD avait permis à certains anciens membres de l'équipage de la Drague Chantal Biya déjà à la retraite, d'aller à Port Harcourt, inspecter les travaux effectuer sur ce navire qui était devenu plus que leur demeure. Il s’agit du premier Commandant de cet engin nautique, Emmanuel Matio, Makontso, l’Ingénieur mécanicien ; le Responsable technique, Nguedjo ; le Chef Mécanicien, Guilbert Kamgaing ; et le Dragueur Salomon Nkwayack, qui était resté très nostalgique à ce navire
15ans d'immobilisation dans un état decrepitude
La résurrection d'un engin symbolique et performant
C’est avec beaucoup d’amertumes que c’était déroulée la cérémonie de départ de la Drague Chantal Biya sous remorque le 29 novembre 2022 au Quai d’accès du port de Douala-Bonabéri en présence du DG du PAD, Cyrus Ngo’o. Une décision qui entrait en droite ligne de la politique de renforcement des équipements de la Régie Délégué de Dragage (RDD) créée en 2020 dans l’optique gouvernementale d’internalisation les travaux du dragage du port de Douala-Bonabéri. Malgré l’acquisition récente par le PAD avec l’appui du Gouvernement de la République des nouveaux équipements nautiques pour l’opérationnalisation de la RDD, en ressuscitant la Drague Chantal Biya avec des équipements de navigation de dernière génération le Top management du PAD entendait pérenniser un engin qui porte un lourd passif historique et lui restituer toutes ses fonctionnalités d’origine. Enfin qu’il reste un jalon très symbolique de la performance. Non seulement, ce navire est équipé à la fois d’un dispositif de dragage hydraulique et de dragage mécanique d’où son appellation de « Drague polyvalente ou multifonctionnel », mais, c'est aussi elle qui a effectué les remblais pour la première base militaire du Cameroun à Bakassi. Tout un symbole.
La drague Chantal Biya, construit en 1997, en Allemagne pour un montant de 6 milliards de FCFA issu d'un prêt de la Banque Allemande de Développement, (KFW), la drague multifonctionnelle (aspiratrice en marche, suceuse stationnaire, enlèvement des objets au grapin, balisage), est un engin spécifiquement conçu pour la configuration tout autant particulière du port de Douala-Bonaberi. Son importance vitale n’est pas à démontrer pour les travaux de maintenance des infrastructures nautiques du port de Douala-Bonabéri à l’instar des plans d’eau, des pieds de quais des chenaux et la création d’espaces par le remblayage. Il a été immédiatement offert à travers un marché à la Société de Dragage de la Côte d'Afrique (SDCA) de Bolloré à un francs CFA symbolique. L'avenant du marché N°1674/GG/9899, mettait à sa disposition, les membres d'équipage camerounais, formés pour cet équipement conçu spécialement pour le Port de Douala-Bonabéri. Après des années d'exploitation et des milliards offerts à la SDCA, la drague sera reprise en mauvais état en 2008 manu militari entre les mains de cette entreprise qui refusait de la remettre au PAD. Elle sera ensuite abandonnée après plusieurs tentatives de remise à niveau par le Chantier Naval et Industriel du Cameroun (CNIC).
Renforcement XXL des équipements
Au-delà de nationaliser l’activité de dragage du port de Douala-Bonabéri afin de rétablir définitivement la souveraineté de l’État du Cameroun sur l’entretien de la principale autoroute d’accès et de sortie du commerce extérieur, il s’agit d’un enjeu économique majeur. Sur les quinze dernières années qui ont précédé la création de la RDD, l’ensemble des activités de dragage du port de Douala-Bonabéri se chiffraient à plus de 156 milliards FCFA, soit une moyenne 10,5 milliards par an. «Il était donc devenu plus qu’urgent d’arrêter la saignée », soulignait à la création de la RDD, Cyrus Ngo’o, le DG du PAD. Or, le plan d’exploitation de la RDD montre que le PAD dépenserait désormais 76 milliards FCFA en moyenne sur les 15 prochaines années contre les 179 milliards FCFA pour les mêmes volumes si cette activité était externalisée. Soit un gain moyen de 5 milliards FCFA par an y compris les charges d’exploitation. Les résultats des trois premières années d’exploitation de la RDD que dirige le binôme Samuel Ngondi Eboa et Beye Idriss, respectivement Directeur Délégué et Directeur Délégué Adjoint de la Régie Délégué du Dragage vient confirmer que le Top management avait vu juste.
Depuis lors, aucune grogne des armateurs ou difficultés d’accessibilité et d’envasement des grands navires n’ont été enregistrées depuis lors comme c’était le cas les années précédentes sa création. Fini les chantages, les arrêts de travaux, et les pannes des engins plus ou moins fictifs. La Drague multifonctionnelle Chantal Biya, réhabilitée vient ainsi renforcer le dispositif d'internalisation mis en place avec pour objectif, une navigabilité optimale sur le chenal et les plans d'eau, réduire à moins de 2 milliards de FCFA, les dépenses du dragage, rendre la Régie productrice de revenus et asseoir définitivement la souveraineté du Cameroun sur le Port de Douala-Bonabéri. Surtout que la RDD est très sollicitée par les ports voisins pour commercialiser son expertise. C’est dire si l’option de la gestion du dragage en régie marque en réalité, un changement radical de paradigme dans la gouvernance du PAD. Puisque cette activité n’est plus considérée uniquement comme un tonneau des danaïdes et une menace pour les finances de l’autorité portuaire. Le Dragage est bien plus, une source de revenus, à travers la fonction commerciale qui a été assignée à la Direction Déléguée de la Régie du Dragage. Or l’opérationnalisation de cette structure nécessite non seulement la mobilisation des moyens financiers et humains, mais également des équipements appropriés.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
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