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LE CHOC DES ACCUSATIONS DANS LE CONFLIT CONGELCAM ET RTC

CONTENEURS DES POISSONS AVARIES


A l’issue de l’inspection des conteneurs litigieux de poissons en souffrance au Terminal à conteneurs du port de Douala-Bonabéri, décidée lors de la réunion tripartite tenue le 7 juin 2023 au Ministère du Commerce, la société CONGELCAM est arrivée à la conclusion qu’elle est victime d’un sabotage de la part de RTC au regard des chiffres qui révèlent que 57% des conteneurs se sont révélés contenir des poissons avariées. En revanche, RTC réplique que CONGELCAM est victime de sa propre turpitude.


Aux termes des inspections effectuées en présence des experts techniques venant du Ministère de l’Elevage de la Pêche et des industries Animales (MINEPIA), de l’Agence des Normes (ANOR), du Ministère de la Santé publique (MINSANTE), du Ministère de l’Environnement et protection de la Nature et du Développement Durable (MINEPDED), de la Douane et des Forces de sécurité ainsi que des représentants de toutes les parties prenantes, les résultats obtenus font état de 357 conteneurs de poissons avariés et 266 conteneurs de bonne qualité sur les 623 inspectés au terminal des conteneurs frigorifiques de la Régie du Terminal à Conteneurs du port de Douala-Bonabéri. En y ajoutant les 87 premiers enlèvements de février et de mars qui avaient permis de donner l’alerte avec la révélation de 26 conteneurs dont les marchandises étaient devenues impropres à la consommation et 61 conteneurs de produits de bonne qualité, cela fait au total 764 conteneurs dépotés, pour 432 conteneurs de poissons avariés contre 332 conteneurs de poissons encore bon à la consommation. Soit un taux de 57 % de conteneurs au contenu avarié. Les responsables de CONGELCAM s’offusquent de ce qu’en 30 années de présence sur le marché, ni leurs prédécesseurs, ni leur entreprise n’a jamais enregistré des avaries d’une aussi grande envergure. Ils estiment leurs pertes entre 14 et 15 milliards FCFA tout en rappelant que 80% des conteneurs ainsi importés étaient déjà payés aux fournisseurs ainsi que les droits de douanes aussi.

CONGELCAM soupçonne RTC de complot

Le DGA de CONGELCAM, Désiré Tchomtchoua assisté de du DG de CITMA Emmanuel Djoumessi, leur Conseil Me Levi Deffo, et le Responsable de la Communication, Joseph Flavien Kankeu lors de la rencontre avec la presse le 22 juin 2023 affirme que : «La situation est grave» et qu’on frise «un scandale planétaire». Ce d’autant plus que « lors des inspections à la RTC, les agents de vérification assermentés du MINEPIA ont bien constaté que plusieurs conteneurs n’étaient pas branchés ». Et d’ajouter : «Au groupe 2 par exemple, un fonctionnaire du MINEPIA a constaté pour la seule journée du lundi 12 juin, le non branchement de trois conteneurs dans un bloc de 22 conteneurs». Et de poursuivre : «En effet les courbes de température finalement en notre possession prouvent que tous les conteneurs sont arrivés en très bon état, c’est-à-dire avec une température normale, soit - 20°C. Ceux des conteneurs dont les poissons se sont révélés avariés ont donc été laissés délibérément, j’allais dire volontairement, non branchés pendant le temps qu’il faut (une à plusieurs semaines) pour qu’ils soient avariés ». Et de conclure : «En définitive, la situation que nous vivons en ce moment est la manifestation d’un complot de la RTC qui a délibérément décidé de ne pas brancher la quasi-totalité de nos conteneurs alors qu’elle en avait les capacités». Indiquant que depuis le déclenchement de cette crise, la RTC refoule systématiquement tous leurs conteneurs frigorifiques sans que cela ne pose de problème ni à CONGELCAM ni à RTC



En réplique, la RTC réfute toutes ses accusations. «Les conteneurs ont été et sont régulièrement branchés. Toutes les missions qui sont passées au Terminal l’ont constaté », précise la cellule de communication du PAD. Tout en indiquant là où la responsabilité de CONGELCAM est engagée : «La très faible vitesse d’enlèvement de CONGELCAM, qui est de 17 conteneurs par jour, traduit sa faible capacité d’absorption, ce qui a obligé certains opérateurs portuaires tels que Maers et CMA de créer des entrepôts de stockages tampons pour lui». Et de soutenir que : « CCONGELCAM fait une fuite en avant puisque ce qui lui arrive est de sa seule et unique responsabilité». Soutenant que tout cela aurait pu être évité par CONGELCAM. «C’est bien ce que RTC et bien d’autres ont bien voulu lui éviter par les multiples mises en demeure qui sont restées lettre morte». En réponse, le Conseil de CONGELCAM Me Levi Déffo précise que : « Contrairement aux accusations de RTC qui veut se donner bonne conscience, l’enlèvement des conteneurs ne se posait pas. Contrairement aux allégations de RTC, qui nous accusait d’avoir sur-importé entre janvier et avril 2023 3000 conteneurs de produits halieutiques, nous tenons à préciser que CONGELCAM a importé 2406 conteneurs de poissons de janvier à avril 2023 ». Et de préciser que : « Si le litige n’a porté que sur 764 conteneurs, cela suppose que nous avions déjà enlevé 1642 conteneurs entreposés dans nos chambres froides et écoulés sur le marché. Le débat sur la quantité des produits importé est donc un faux débat car il revenait à la RTC de ne pas accepter le nombre de conteneurs ne correspondant pas à sa capacité d’accueil ».

RTC réfute sa responsabilité et cite la réglementation

Pour Le DG de CITMA, le transitaire de CONGELCAM, le débat portait plutôt sur le fait que : « RTC exigeait l’enlèvement des conteneurs litigieux sans inspection préalable ». Or, CONGELCAM souligne qu’en exigeant les inspections préalables, c’était pour éviter de mettre à la disposition de nos clients et de nos populations en générale parce qu’elle se préoccupe de la santé des populations. Et soupçonnait que la cabale visait à laisser penser à l’opinion publique que la société CONGELCAM importe des produits impropres à la consommation. Les responsables de RTC de rétorquer que : « C’est méconnaître la procédure. Car RTC ne peut ni ouvrir ni replomber les conteneurs. C’est de la seule responsabilité des administrations compétences ». Et de faire référence au Décret N°85/1278 du 26 septembre 1985 portant règlement de police et exploitation du domaine portuaire. Qui stipule en son article 40 que : « Durant la période d’entreposage au port, les marchandises sont sous la responsabilité des aconiers lorsqu’elles sont au quai, sur le terre-plein, et dans les hangars ». Et de poursuivre : «L’autorité portuaire ne peut en aucun cas répondre des avaries, vols ou incendies causés à la marchandise ou par la marchandise pendant cette période». Au final, les responsables de CONGELCAM s’étonne d’un acharnement visant à tuer une telle économie. Surtout qu’on a frôlé un risque de pénurie sur le marché. Mais, ils se sont attelés à satisfaire jusqu’ici. Pour ce qui est du contentieux, ils vont aviser et explorer toutes les pistes d’un arrangement à l’amiable. Toutefois, ils précisent que leur interlocuteur dans cette affaire n’est pas RTC qui est le prolongement de la cale du navire, mais la ligne maritime (les armateurs).




Mathieu Nathanaël NJOG





Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun

www.lecanardlibere237.com


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