Une coopération pour la gestion durable des écosystèmes transfrontalières
- Mathieu Nathanael NJOG
- 9 avr.
- 4 min de lecture
CAMEROUN-NIGERIA
Les experts camerounais et nigérians des forêts et de la faune se sont réunis du 8 au 10 avril 2025 à Kribi pour réfléchir sur l’opérationnalisation de l’accord-cadre de coopération entre le Cameroun et le Nigéria, relatif à la gestion intégrée des écosystèmes transfrontaliers, la conservation de la biodiversité et la gestion durable des ressources forestières et fauniques. Les travaux sont présidés par le Ministre des Forêts et de la Faune, Jules Doret Ndongo.

Lors de la session de mars qui vient de s’achever, le Parlement camerounais a adopté, un projet de loi autorisant le Président de la République à ratifier l’Accord-cadre de coopération signé le 19 avril 2024 au Continental Hôtel à Abuja au Nigeria. C’est une issue heureuse des efforts de plusieurs années d’investissement du Partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo (PFBC) et ses partenaires par le biais des réunions des experts et travaux des blocs géographiques, les conférences internationales et ministérielles sur la transhumance, des forums des chefs traditionnels, etc. A l’instar de la 2è Conférence Internationale des Ministres sur la Transhumance Transfrontalière Nexus sur le thème : « Transhumance, aires protégées et ressources naturelles, développement, paix et sécurité » qui s’était tenue en juillet 2023 à Yaoundé. C'est dire que cet Accord constitue une étape clé pour sauver les aires protégées transfrontalières et l'utilisation durable des ressources naturelles dans le Nord de l’Afrique Equatoriale. Autrement dit, le signal fort de cet Accord est un encouragement à ne ménager aucun effort. Surtout qu’il vise à renforcer la collaboration entre les deux pays dans la conservation des écosystèmes transfrontaliers et dans la gestion durable des ressources forestières et fauniques.
Avec une frontière commune de plus de 1 500 km et des relations culturelles étroites entre les populations riveraines, le Cameroun et le Nigéria entendent unir leurs efforts pour relever des défis environnementaux communs. Les objectifs principaux de cet Accord incluent la mise en œuvre de programmes transfrontaliers communs, la coordination des projets de conservation, et la mobilisation des ressources pour protéger les richesses naturelles des zones frontalières. « Les domaines d’intervention prioritaires sont la gestion intégrée des écosystèmes transfrontaliers pour la conservation de la biodiversité et la gestion durable, ainsi que la commercialisation des produits forestiers », précise Jules Doret Ndongo, le Ministre des Forêts et de la Faune (MINFOF) qui préside la réunion des experts sur l’Accord de Coopération entre le Cameroun et le Nigéria sur la conservation de la biodiversité qui s’est ouvert le 8 et s’achève ce 10 avril 2025 à Kribi. Durant les trois jours des travaux, les experts des deux pays réfléchissent sur l’opérationnalisation de l’accord-cadre de coopération entre le Cameroun et le Nigéria pour protéger les écosystèmes partagés et renforcer la conservation de la biodiversité.

Leviers écologique et économique
Cet Accord-cadre souligne la détermination et l'engagement des deux pays à sauvegarder et protéger leurs frontières communes intrinsèquement dépositaires des espèces les plus emblématiques du monde ainsi que des zones de conservation d'intérêt mondial. Ceci conformément aux attentes des objectifs nationaux et internationaux en matière de conservation de la biodiversité. Il cible des zones écologiques stratégiques situées de part et d’autre de la frontière. Côté camerounais, les parcs nationaux du Faro, de Tchabal Mbabo, de Takamanda, de Korup et de Waza sont au cœur de cette initiative. Côté nigérian, les parcs nationaux de Gashaka-Gumti, de Cross River et du bassin du Lac Tchad figurent parmi les zones concernées. Ces écosystèmes abritent une biodiversité exceptionnelle, incluant des forêts marines et côtières, des forêts tropicales, des montagnes et des savanes. Pour les deux pays, ces espaces protégés constituent des sanctuaires écologiques essentiels à la survie de nombreuses espèces animales et végétales. Ces zones sont également cruciales pour les communautés locales qui dépendent des ressources naturelles pour leur subsistance. Il s’agit donc de mieux encadrer l’utilisation de ces ressources, tout en favorisant leur exploitation durable.
Il ressort de ses travaux de Kribi qu’en plus de cette plus-value environnementale, cet Accord-cadre est porteur de retombées économiques significatives. En effet, il est prévu de développer des projets conjoints entre les opérateurs du secteur privé camerounais et nigérian. Notamment en dynamisant le commerce des produits forestiers et fauniques tout en assurant leur traçabilité et leur durabilité. Mais également en étant une solution aux problèmes liés à la transhumance transfrontalière. Cette pratique, qui consiste pour les éleveurs à se déplacer avec leurs troupeaux à travers les frontières, constitue une menace croissante pour les zones protégées et les écosystèmes. Par ailleurs, elle a un impact considérable sur les moyens de subsistance des populations locales et sur l’intégrité des parcs nationaux. Signé pour une durée initiale de trois ans renouvelables, cet Accord-cadre est présenté comme « un texte avant-gardiste » par le Gouvernement camerounais. Surtout qu’il marque une nouvelle étape dans la coopération entre le Cameroun et le Nigéria, en consolidant leurs efforts pour sécuriser leurs frontières contre les trafics illégaux de ressources forestières et fauniques. Preuve que grâce à cette initiative, le Cameroun et le Nigéria démontrent que la préservation de l’environnement ne connaît pas de frontières et que la collaboration est essentielle pour relever les défis écologiques et économiques de notre époque.
Delphine Nkengni (Stagiaire)
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
www.lecanardlibere237.com
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