L’ONG Un Monde Avenir suscite la détermination des femmes à jouer un rôle dans les joutes électorales
- Mathieu Nathanael NJOG
- 24 août
- 5 min de lecture
ENGAGEMENT ET LA PARTICIPATION POLITIQUE
Une quarantaine des femmes issues de toutes les couches sociales ont été réunies le 21 août 2025 à Douala, dans le cadre de la deuxième session de l’atelier de renforcement des capacités des femmes/filles sur leur engagement et participation politique. Placé sur le thème : « Leadership et maîtrise des enjeux d’une forte participation électorale des femmes », il est le fruit du projet : Renforcement de la participation de la société civile au système démocratique et au processus électoral au Cameroun que porte en consortium la Fondation Friedrich Ebert comme tête de file et Un Monde Avenir, le Co-demandeur.

38 femmes et filles leaders, issues de toutes les couches sociales parmi lesquelles 20% vivant avec le handicap, venues des quatre départements de la région du Littoral ont participé à Douala, à la 2è session de l’atelier de renforcement des capacités des femmes/filles sur leur engagement et participation politique. Placé sur le thème : « Leadership et maîtrise des enjeux d’une forte participation électorale des femmes », Le chargé Démocratie et Gouvernance à l’ONG Un Monde Avenir, David Moukoudi, a donné l’objectif principal de cet atelier : « Il est question de susciter une participation politique et civique des femmes et jeunes filles leaders aux prochaines échéances électorales ». Cette activité qui était articulé autour de six modules s’est avérée un riche moment de partage d’expériences. Le Coordonnateur de l’ONG 1MA, Philippe Nanga a planté le décor sur la nécessité des participantes d’avoir une culture de la citoyenneté avec un exposé sur la thématique : « Défis pour une participation électorale équitable et Impact de la participation électorale sur la gouvernance ». Il en a profité pour souligner que, certes le dynamisme des femmes est largement reconnu, malheureusement ses impacts concrets dans la société restent difficiles à percevoir. C’est pourquoi, il a souligné que : « La société civile a la responsabilité de canaliser et de structurer ce dynamisme afin de garantir un véritable impact social et une meilleure représentation des femmes dans les espaces de décision ».
A cet effet, il va rappeler que la femme citoyenne doit : - Défendre son existence et affirmer son indépendance ; - Tirer profit de son engagement citoyen ; - Contribuer à la transformation sociale ; - Croire en elle-même et passer à l’action en devenant actrice de sa propre vie. Il s’en suivra des échanges d’expériences de Me Charlotte Tchakounte, Avocate au Barreau du Cameroun et Mme Dor Sende, Présidente du Collectif des Femmes pour la Protection de L’environnement et de l’Enfant (COFEPEE) dont les actions citoyennes ont conduit à faire bouger les lignes et sorti le Gouvernement de sa torpeur. A leurs suites, il s’en suivra d’intenses échanges contributifs. A l’instar de Mme Aristide Tchoumeni Leader d’une Associatif Non-Voyant, dont la courageuse mobilisation a conduit en 2010 recrutement de 400 000 personnes vivants avec le handicap et à l’obtention d’un financement du Ministère des Affaires Sociales. Pour Augustine Bapa du PCRN, les femmes rencontre de nombreux obstacles dans le champ politique et social. Et de préciser que : « Les hommes constituent souvent les principales barrières que ce soit dans la prise de parole que dans l’action militante des femmes ». Pour Mme Élisabeth Obama, la femme, en tant que mère, joue un rôle central dans la formation des futures générations et le leadership féminin de ses filles.

Ne plus servir de bétail électoral,… se mettre au premier plan
Par la suite, l’exposé présenté par Maximilienne Ngo Mbe, Directive Exécutive du REDHAC sur la thématique : « Instruments et cadre incitatif à la participation politique et civique des femmes. Introduction au leadership. Stratégie pour promouvoir la participation électorale des femmes. Femmes et impact sur le jeu électoral dans le monde », elle va s’appesantir sur la notion de l’éthique et les qualités humaines, les compétences stratégiques, les cadres légaux de l’engagement civique et politique des femmes et le partage d’expérience. Elle a insisté sur le fait que le leadership ne se limite pas à occuper une fonction politique (Députée ou Maire), mais consiste surtout à transformer la société. S’il est vrai que les participantes ont toutes reconnues qu’il était plus qu’indispensable pour les femmes d’occuper les sphères de décision et même de se soutenir mutuellement, elles ont tout de même fait remarquer que le soutien d’une candidate femme ne va pas se faire simplement de manière moutonnière mais devra s’appuyer sur la valeur intrinsèque de cette dernière et de ce qu’elle propose comme projets ou programme. Au final, les travaux en ateliers vont permettre de recueillir les attentes à mener à court, moyen et long terme que les femmes devront mener pour impacter la société. Globalement, on peut retenir : - La mobiliser des moyens financiers pour élargir leurs champs d’action ; - Le soutien des actions menées par les femmes dans l’éducation, santé et économie ; - La prise de parole plus effective des femmes sur la scène publique et médiatique ; - Faire respecter la parité ; - Conscientiser les femmes sur la nécessité d’implémenter l’éducation à la parentalité bienveillante et la masculinité positive ; Mener un plaidoyer pour l’application effective des engagements nationaux en faveur de la parité/participation des femmes aux processus décisionnels ; - Créer une Académie de Leadership Féminin, Digitale et communautaire ; - Imposer dans tous les secteurs de la vie national un quota de représentativité des femmes dans toutes les sphères de prise de décisions,…
En somme, il a été établi que la femme représente un poids électoral non négligeable qui peut lui permettre de jouer un rôle déterminant dans les enjeux des prochaines élections. Les derniers chiffres de l’Institut National de la Statistique (INS) indiquent que plus de 60% population du Cameroun à moins de 25 ans, la population de moins de 15 ans représente 42,5% de l’ensemble de la population. Dans cette population, les femmes représentent plus de 50%. Mais on remarque une faible participation aussi bien sur le plan citoyen que politique. Les derniers chiffres des inscriptions sur le fichier électoral indiquent qu’en 2022, avec 338 000 nouveaux inscrits, on comptait 211 457 hommes (soit 62%) et 126 919 femmes (soit 38%). Au terme de la campagne d’inscription de 2023, de Janvier à Août, ELECAM a inscrit 368.119 nouvelles personnes, dont 229 896 hommes (62%) et 138.223 femmes (38%). Au 31 décembre 2024 le fichier électoral était de 7 845 622 électeurs dont 4 207 957 hommes, pour 3 637 665 femmes (soit 46,36%), 2 607 321 jeunes, et 33 985 personnes vivant avec un handicap. Pourtant, il n’y a que 61 femmes députés sur 180 et 35 femmes Maires de Communes sur 360, aucune femme ni Gouverneur sur 10 ni Président de Conseil Régional sur 10, ni Maire de ville sur 14, ni élevée au Grade de Général d’Armée sur une cinquantaine. Ce qui fait dire à Me Alice Kom que : « Certains dirigeants ont longtemps cherché à minimiser la place et l’impact des femmes dans la société, ce qui se reflète notamment dans le faible quota qui leur est accordé lors des nominations ». Malgré cette réalité, elle a rappelé que les femmes détiennent un véritable pouvoir, car elles donnent la vie et incarnent ainsi une force souveraine du peuple. Elle les a exhortées à ne pas abandonner la lutte, à exercer pleinement leur droit de vote et à ne pas se laisser intimider. Elle a enfin recommandé que leur participation électorale soit un acte porteur de changement.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
www.lecanardlibere237.com
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