Le projet de refondation et de redynamisation de l’Administration des Douanes en marche
- Mathieu Nathanael NJOG
- 4 sept.
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GRENELLE
Le Centre d’Instruction Douanière de Mbankomo, a abrité du 3 au 5 septembre 2025, les travaux des Journées d’Echanges et de Réflexion sur la problématique de la prise en charge des marchandises. Baptisées : « Le Grenelle de la prise en charge des opérations en douane », la cérémonie de lancement présidée par le Ministre des Finances, Louis Paul Motaze a été l’occasion pour interpeller les participants sur les attentes au regard des enjeux de la mobilisation optimale des recettes douanières, et de la protection de l’économie nationale.

Dans le cadre des Journées d’échanges et de réflexion sur la problématique de la prise en charge des marchandises, dont la Division des Enquêtes Douanière et de la Surveillance (DEDS), était porteuse de cette importante activité et a assuré la coordination scientifique, les personnels des Douanes et les partenaires publics et privés (DGI, HYDRAC, GUCE, PAD, PAK, ART, FAP, GECAM, SYNDUSTRICAM, GPAC, AGL, TRANSITAIRES, IMPORTATEURS, …) ont mené du 03 au 05 septembre 2025, une intense réflexion au Centre d’Instruction Douanière, lieu par excellence de partage et d’échanges. Cette importance activité baptisée : « Grenelle de la prise en charge des opérations en douane » visait à s’approprier le Programme 032 de la Stratégie Nationale de Développement 2030 (SND 20-30), qui fait de la mobilisation optimale des recettes douanières, et de la protection de l’économie nationale, de la société et du territoire, un objectif prioritaire de notre pays. Il s’agit de permettre que la Douane ne s’affirme plus simplement comme cette institution qui est seulement chargée de percevoir des recettes, mais aussi comme un instrument de promotion de l’économie, un catalyseur de compétitivité, et une force de protection de la société et de l’Etat. En effet, l’Administration Douanière, dans son rôle fondamental de régulation et de gestion des échanges internationaux, assume un ensemble de missions essentielles pour le bon fonctionnement de l’économie nationale et la sécurité au sens large. « Ces missions vont donc bien au-delà de la simple collecte des recettes fiscales qui est celle la plus répandue dans l’imagerie populaire. Elles incluent des responsabilités multiples et variées qui intègrent notamment la protection de la société, la protection des écosystèmes, la protection de l’environnement économique, et la protection de l’Etat et de l’intégrité du territoire, grâce au déploiement d’actions de régulation, de prévention, de répression et de gestion des risques », a indiqué Fongod Edwin Nuvaga, le Directeur Général des Douanes.

Cependant, le douanier camerounais, historiquement fondé sur des mécanismes relativement classiques, se trouve confronté au défi d’accroissement et de complexification des flux commerciaux mondiaux. Surtout en ce moment où la mise en œuvre progressive de la Zone de Libre Echange Continental Africaine (ZLECAF). Cela s’accompagne de la nécessité de moderniser les systèmes de contrôle afin que ceux-ci restent pertinents, réactifs et capables de répondre aux exigences qu’impose le commerce international. Mais ce défi passe par une bonne maitrise de la « prise en charge » des marchandises, un concept qui, dans la réalité, bien qu’exalté et idéologiquement ancré dans les textes, reste marginalisé dans la pratique, car, confronté à une multitude de pesanteurs, au titre desquelles, les obstacles opérationnels, techniques et technologiques essentiellement. « La prise en charge des marchandises dont on parle aujourd’hui souffre encore de pesanteurs multiples qui affectent sa pleine efficacité », a déclaré Louis Paul Motaze, Ministre des Finances. On peut citer entre autres, au plan structurel, on observe des chevauchements de compétences. Au niveau opérationnel, le plan d’eau reste à investir, le suivi de l’apurement des facilités reste à parfaire, le suivi du transit reste déficient, et la porosité des frontières alimente la contrebande, les grands trafics et l’insécurité. Au plan technique et technologique, la couverture des équipements modernes est insuffisante et l’absence de dispositifs adaptés au commerce électronique fragilise notre contrôle. Enfin, la faible coordination entre les acteurs publics et privés de la chaîne logistique compromet la performance globale de l’action douanière. Face à ces défis qui exigent une réforme d’ampleur, il était impératif que la Douane Camerounaise revisite ses mécanismes de contrôle et adapte ses structures opérationnelles à la réalité d’un commerce international en perpétuelle évolution.

Pour apporter une réponse à ce diagnostic sans équivoque, le Ministre des Finances, Louis Paul Motaze a prescrit aux participants qu’au terme de ces trois jours de travaux, ils débouchent sur des recommandations fortes, capables d’orienter la modernisation de notre administration douanière et de lui donner les moyens de remplir pleinement ses missions. Plus spécifiquement à : - définir un manuel national de procédure de la prise en charge, harmonisé et applicable sur tous les théâtres d’opération ; - ajuster le cadre organique et les modes de fonctionnement des services ; clarifier les rôles et responsabilités des différents acteurs ; - renforcer la compétence et la spécialisation de nos agents ; - étendre l’utilisation des équipements modernes de contrôle au-delà des ports maritimes ; - promouvoir la transparence, la traçabilité et la bonne gouvernance ; - renforcer la coordination interinstitutionnelle et le partenariat avec les opérateurs économiques. Au final, il a été question de bâtir dans une approche participative et le respect du partenariat, un socle normatif et opérationnel solide à travers l’élaboration d’un instrument de référence appelé : « Le Manuel de procédure de la prise en charge » qui définira, pour tous les théâtres d’opérations (maritime, terrestre, aérien et numérique), des procédures standardisées, les responsabilités respectives des acteurs, les outils de contrôle et les modalités de coordination interinstitutionnelle. « Ce manuel permettra à coup sûr, de garantir une prise en charge harmonisée, optimale et sécurisée sur l’ensemble du territoire national », a précisé Fongod Edwin Nuvaga, DG des Douanes. Et d’ajouter : « Il s’agit vous vous en doutez bien, d’un pan majeur dans notre projet de refondation et de redynamisation de l’Administration des douanes ». Cela passe par le renforcement des capacités, la mise en place de nouvelles techniques et technologies de contrôle, une réorganisation structurelle qui favorise la décentralisation du travail et une meilleure coordination interinstitutionnelle apparaissent comme des solutions nécessaires pour garantir une prise en charge efficiente des marchandises et de la sécurité nationale.
Mathieu Nathanaël NJOG
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