GAZ DU CAMEROUN
Lors de la rencontre d’échanges entre le Ministre de l’Eau et de l’Energie, Gaston Eloundou Essomba le 23 février 2024 au siège du GICAM-GECAM, les patrons des entreprises du secteur de l’industrie ont vomi leur bile contre la société Gaz du Cameroun.
Déjà confrontés à une conjoncture de l’énergie électrique, qui paralysent leurs activités et les obligent à recourir à des groupes électrogènes dont l’acquisition fait désormais partie des priorité de tout nouveau projet de création d’entreprises, avec pour conséquence de grever considérablement sur les charges de fonctionnement en terme d’achat de carburant, les patrons des industries installées dans la ville de Douala et ses environs ont saisi l’occasion de la rencontre d’échanges entre le Ministre de l’Eau et de l’Energie (MINEE), Gaston Eloundou Essomba et les chefs d’entreprises le 23 février 2024 au siège du GICAM-GECAM pour exprimer leur ire. Pour les industriels, la société GAZ du Cameroun est visiblement un autre projet d’investissement structurant initié sous l’impulsion du Chef de l’Etat qui frise à l’échec comme c’est le cas avec la construction du Barrage hydroélectrique de Memwe’elé dont la production passe de 200 MW à 35 MW pendant les saisons sèches. De la même manière, il soupçonne la société Gaz du Cameroun ne pas être en capacité de produire la moitié de la production officiellement annoncée. Puisqu’elle n’arrive pas à tenir la fourniture continue des entreprises du secteur industriel. Leur rendement n’atteindrait que la moitié de la demande. Causant d’énormes préjudices. Puisque confient-ils, lorsqu’on leur a vendu l’arrivée de Gaz du Cameroun avec des prix défiant la fourniture en énergie électrique et une fourniture constante au regard des capacités de production supérieure à la demande locale ce qui favoriserait son exportation, plusieurs industries avaient fait des aménagements spécifiques en changeant les modèles de fours, passant des fours électriques aux fours au gaz.
Le nouveau poison des industries
Malheureusement, la déception est grande. «Nous subissons des arrêts de fournitures sans explications. Lorsque les responsables consentent de nous en donner, c’est toujours pour évoquer les raisons d’entretien tout en nous promettant le retour à la normal dans les plus bref délais. Mais qu’elle ne sera pas notre surprise de constater que ces coupures vont s’étendre pendant des mois», se plaint un industriel. Le Co-président du GECAM, Célestin Tawamba, porte-parole des chefs d’entreprises va être plus incisif. «Gaz du Cameroun est un nouveau poison» pour les industries camerounaises. «Non seulement ils font subir des arrêts récurrents de fourniture en gaz industriel et sur des périodes longues, pis encore, il impose les prix et en plus il nous envoie les factures en dollars USA alors que nous sommes au Cameroun dans un pays où la monnaie est le Francs CFA. C’est juste quelque chose d’extraordinaire». Et d’ajouter : «C’est une réalité Monsieur le Ministre. Il faut que cela change ! Une entreprise comme cela qui est un acteurs du secteur privé et à qui l’Etat a délégué un pouvoir qu’il utilise et abuse pour fragiliser le tissu économique, ce n’est pas sérieux». Le MINEE, Gaston Eloundou Essomba qui reconnait avoir déjà eu vent de la dépréciation du niveau du réseau de fourniture du gaz aux industries dit qu’il croyait que la situation était passagère, mais il se rend compte que la situation se pose avec acuité. Et avait promis de convoquer Gaz du Cameroun dans les tous prochains jours pour une concertation afin de savoir ce qui ne va pas et ce qu’il y a lieu de faire pour régler cette autre conjoncture en gaz. Mais jusqu’à ce jour rien n’a été fait.
Une embellie qui ne profite pas…
Pour rappel, les installations industrielles de Gaz du Cameroun sur le champ gazier de Kribi dans la région du sud ambitionnent de faciliter l’exploitation de 500 milliards pied-cubes de réserves de gaz naturel. Selon la Société National des Hydrocarbures (SNH), la production gazière qui s’était établie à 4343,4 millions de pieds cubes sur les quatre premiers mois de l’année 2014 a connu de nouveau connu en octobre de la même année une augmentation de 124% soit 9 160 millions de pieds cubes par rapport à la même période en 2013 équivalent à 259 533 333,3 m3. Une embellie du secteur gazier qui ne profite pas au secteur industriel que le Cameroun a grâce au champ Sanaga Sud, dont la production est sans cesse croissante, pour son exportation vers les marchés mondiaux, via l’usine flottante dénommée «Hilli Episeyo» construit aux larges du port de Kribi, et au champ Logbaba, dont l’exploitation par la société Rodeo Development, filiale de la britannique Victoria Oil & Gas, a donné lieu à la mise en service, en novembre 2014 dans la ville de Douala, de la toute première unité de traitement du gaz naturel d’Afrique subsaharienne. Face à sa difficulté à satisfaire les ménages et les entreprises en énergie électrique, Eneo, société adjudicataire de la production et de la commercialisation de l’électricité au Cameroun, a fait appel à Gaz du Cameroun pour augmenter sa capacité énergétique. Ce partenariat a permis de mettre sur pied une Centrale thermique à gaz qui utilise 12 millions de pieds cube par jour, soit environ 340 000 m3 de gaz chaque jour (le pied cube est une unité de volume couramment utilisée dans le système d’unités de mesure anglo-saxonnes cube Ndlr) pour une capacité de production de 50 MW. Représentant 14% du parc de production d’électricité actuel qui est constitué de 62% de l’hydroélectricité, 22 % du thermique au fioul et 2% du solaire. Pour une capacité de production installée estimée à 1534 MW.
Mathieu Nathanaël NJOG
Article publié dans le journal Le Canard Libéré du Cameroun
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